21 avril 2014 – Lundi de Pâques, debout à 8 heures, une petite grasse matinée bien méritée après la longue route d’hier. Je repars au Dawson Falls Visitor Centre.
En cours de route, à l’approche de la ville de Manaia, une bonne odeur de pain grillé flotte dans mon camping-car. C’est bizarre d’autant plus que je n’ai pas utilisé mon grille-pain depuis quelques jours ?!?!
Complètement induite en erreur et désorientée par cette odeur, je m’arrête au bord de la route pour vérifier si il n’y a pas un problème à l’intérieur de mon camping-car.
Rien à l’intérieur, aurais-je plutôt un problème de freins ou autre ? C’est en sortant du véhicule que ma petite inquiétude disparaît : la sensation olfactive du bon pain grillé est décuplé une fois dehors, c’est complètement hallucinant !
Quelques centaines de mètres plus loin, j’aperçois deux brioches en 3D montées sur un panneau : « Welcome to Manaia the Bread Capital ».
Voilà l’explication ! La ville est embaumée de cette douce odeur et désoriente malicieusement le moindre touriste de passage !
La petite ville de Manaia est la plaque tournante de l’industrie de la boulangerie, et se présente comme la «capitale de pain». La petite boulangerie familiale d’Alfred Yarrow, originaire de Turakina, au Sud de Wanganui, a déménagé à Manaia en 1923. Et depuis 2009, l’entreprise fonctionne 24h sur 24 et 7 jours sur 7, en fournissant une large gamme de pains, pains spéciaux, pains, croissants, biscuits fins et autres produits à de grands supermarchés dans toute la Nouvelle-Zélande.
Je peux reprendre sereinement ma route, non sans avoir une subite envie de manger un croissant.
Sur la route, longue de 18 kilomètres, pour rejoindre le Dawson Visitor Centre, j’ai « à la queue leu leu » sans discontinuer les conditions météo suivantes :
un grand soleil, puis une grosse giboulée, et enfin un arc en ciel.
Et rebelote un grand soleil, puis une grosse giboulée, et un arc en ciel …
Je n’ai jamais vu autant d’arcs en ciel de toute ma vie en une seule matinée !
Le Mont Taranaki est toujours invisible, caché, enveloppé sous un grand manteau nuageux jusqu’à ses pieds.
Taranaki est un volcan, le seul de la région du Egmont National Park, et culmine à 2518 mètres. Les Moaris l’appellent Taranaki « la montagne qui brille » En effet par beau temps, ses pentes sont ceinturées d’une végétation luxuriante qui s’arrêtent à mi-hauteur du volcan et au-dessus, jusqu’au sommet, c’est de la roche et de la neige qui brille au soleil. La légende veut qu’il soit éloigné du volcan Tongariro, ayant perdu son combat contre ce dernier lors d’une bataille.
Source Carte : Doc.govt.nz
Le Dawson Falls Visitor Centre est exceptionnellement ouvert (probablement à cause du Lundi de Pâques) et j’ai la confirmation que le sentier de Fanthams Peak, que j’avais prévu de faire, m’est refusé aujourd’hui car il neige à son sommet à 2000 mètres, et de ce fait, je n’ai pas l’équipement adapté.
Je demande au Ranger, la personne derrière le guichet (je ne pense pas qu’on les nomme ainsi, mais c’est le seul mot qui me vient à l’esprit pour qualifier un responsable du Department Of Conservation), si le Wilkies Pools Loop track est faisable avec le temps qu’il fait aujourd’hui. Il se lève et regarde par dessus le guichet mes chaussures (j’ai mes grosses chaussures de marche aux pieds). Il me répond qu’il y a deux passages de gué et l’eau est bien montée ces derniers jours mais avec vos bonnes chaussures, c’est bon vous pouvez y aller.
Je ne sais pas si il regarde systématiquement les chaussures de tout le monde lorsque l’on se renseigne sur les tracks du coin mais il m’a fait bien rire. Il me demande d’où je viens, qu’est ce que je fais comme circuit en NZ etc … L’hospitalité Kiwi par excellence !
Le Wilkies Pools Loop track commence à partir du parking à 100 m au-dessus du centre d’accueil Dawson Falls (à l’endroit où est garé mon camping-car sur la photo ci-dessous).
10 heures, la pluie se calme et les nuages laissent passer un petit rayon de soleil. C’est parti !
La première partie du track, jusqu’au premier gué, est extrêmement facile.
C’est un sentier fait pour tout le monde équipé de simple baskets, et même pour les personnes en fauteuil roulant !
Pour ces derniers, une aide leur sera nécessaire car cela monte légèrement jusqu’au bout (100 mètres positif sur 1,2 km).
Promenade dans une forêt subalpine, la végétation explose de toute part. Mousses et fougères se taillent la part belle au sol …
et les lichens occupent les branches d’arbres en hauteur.
Une grosse giboulée tombe le temps de traverser cette forêt, puis je longe la rivière sur un pont en bois.
L’eau, qui descend directement du sommet du Mont Taranaki, résonne d’un doux son qui éveille tous mes sens.
Le soleil resurgit quelques minutes. Les cabbage trees s’égouttent, les fleurs sont malheureusement fanées.
Puis après 1,2 km de marche, c’est à nouveau sous une grosse giboulée que j’arrive aux fameuses Wilkies Pools.
Un panneau nous indique que les piscines naturelles sont formées par l’action de l’eau et du gravier. En été, on peut être tenté de se baigner ici (c’est paraît-il très bref, mais très rafraîchissant !).
Dans l’autre sens, on aperçoit à peine la vallée, nous sommes à 995 mètres d’altitude.
Ici soit vous rebroussez chemin soit vous poursuivez le Wilkies Pools Loop track en passant le gué.
L’eau est glacée ! Je traverse ce passage délicat sans problème.
La suite du sentier qui se présente devant moi est très sauvage, comme j’aime me retrouver dans cette nature ! A partir d’ici c’est obligatoire d’avoir de bonnes chaussures de marche.
Le sentier est très humide, même les escaliers sont remplis d’eau !
Et par endroits vous avez d’énormes blocs de pierre, attention çà glisse !
Le sous bois me protège de la pluie qui tombe irrégulièrement.
Puis je m’arrête devant ces magnifiques petites cascades.
Cela vaut vraiment le coup de venir s’y balader même s’il pleut, c’est un lieu absolument paradisiaque !
Puis je retrouve la rivière en contrebas d’un pont en métal.
Passage délicat du deuxième gué : heureusement que mes chaussures sont imperméabilisées Gore-Tex car les rochers sont submergés !
Pas si évident que cela de trouver un passage sans mouiller ses chaussures.
Une fois de l’autre côté de la rive, je repars à nouveau dans la forêt et une éclaircie éclabousse la flore d’une lumière éblouissante !
Les feuilles pleurent des gouttelettes brillantes et ces dernières s’écrasent parfois sur mon visage à peine caché par ma capuche.
Puis retour sur le sentier principal, menant au Dawson falls Visitor Centre, où je termine ma marche sous une pluie diluvienne !
Une petite heure pour faire cette très sympathique boucle de 2,6 kilomètres.
J’attend à l’abri que la pluie se calme un peu et j’enchaîne avec Dawson Falls via Kapuni Loop Track (900 m et 25 minutes aller simple) plutôt que passer par la route directe.
Au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans la forêt, on se croirait presque dans un épisode du seigneur des anneaux.
C’est tout simplement magnifique mais alors qu’est ce que c’est inondé !
Que des mares et des escaliers remplis d’eau tout le long de la marche.
On longe ensuite la rivière Kapuni sans soupçonner qu’un peu plus loin, se jette une magnifique cascade.
L’atmosphère est très agréable, il pleut pourtant très fort mais la canopée me protège.
Puis s’ensuit une longue descente d’escalier, rendue très glissante par la pluie, jusqu’à la base de la très belle cascade Dawson Falls, haute de 18 mètres.
Je profite d’une petite accalmie pour me faire prendre en photo et je renvoie la balle au joli couple avec leur appareil photo.
Je remonte l’escalier avec ses marches inégales « casse-gueule », même la rambarde en bois glisse !
Je récupère le sentier principal en hauteur et admire la cascade de plus haut sous une pluie diluvienne (je pèse mes mots !) qui durera en tout et pour tout deux minutes.
La nature explose derrière avec le petit rayon de soleil qui resurgit.
C’est complètement Awesome ! (Je dis souvent Awesome et c’est le mot également que j’entends un peu partout ici devant un paysage à couper le souffle).
Sur le chemin du retour, je m’arrête quelques minutes au Power Station.
C’est un des plus anciens générateurs d’électricité encore en activité en Nouvelle-Zélande.
Dans ce magnifique parc national d’Egmont, j’aurai fait 2 magnifiques marches d’une heure chacune, le tout sous un mont Taranaki complètement caché par les nuages. Tant pis ce sera pour une autre fois pour un prochain voyage ou bien peut-être que je le verrai depuis le Tongariro National Park demain ?
Je reprend la route pour rejoindre le Tongariro National Park pour ma prochaine étape.
A suivre : On the Road : la SH43 « Forgotten World Highway »