14 Avril 2014 – Il pleut toujours lorsque je me lève à 7 h et il fait à peine 10°c dehors. Difficile de prévoir quoi faire par ce temps même avec un circuit pré-établi.
Après un rapide petit-déjeuner et rangement du camping-car, je décide quand même de respecter mon planning et de me rendre à Totaranui dans le splendide Abel Tasman National Park.
Il faut une bonne heure de route pour faire les 32 kilomètres entre Takata et le camp du DOC de Totaranui en camping-car.
Les 10 derniers kilomètres se font sur une gravel road très sinueuse, si bien que je prie pour ne croiser personne en face car à certains endroits on ne passe pas à 2 en même temps (et je n’ai pas envie de reculer avec mon grand camping-car à cause du ravin !).
Je n’ose même pas imaginer l’été en haute saison, lorsque tout le monde vient randonner, cela doit bouchonner sévère !
Abel Tasman National Park est l’un des 14 parcs nationaux de Nouvelle-Zélande mais avec ses plages et lagunes aux eaux turquoises, il est le plus connu au monde.
A mon arrivée au Camp ground DOC de Totaranui, le camping est quasi désert.
Avant de partir en rando sur Abel Tasman Coast Track , je passe file d’abord à la Hutte du DOC de Totaranui pour prendre un plan et me renseigner sur l’horaire des marées.
Malgré le panneau sur la porte disant qu’ils seront de retour à 9h00, c’est fermé (il est 9h45). On peut tout de même regarder les horaires des marées : marée basse à 15h06 ; ainsi que la météo qui date de deux jours :
Soudain deux rangers arrivent en voiture alors que je m’apprêtais à partir randonner grâce à une copie de la carte que j’avais imprimé en France (être prévoyant çà a du bon !), ils n’ouvrent pas la hutte mais ne font que mettre à jour la météo, contrôler les campeurs et vider la honesty box. Je leur pose une question à propos de la météo et apprends que la tempête attendue arrivera dans 2 ou 3 jours sur l’Ile du Sud, qu’elle va d’abord traverser toute l’Ile du Nord. Ils me disent qu’à cette saison, la hutte n’est quasiment jamais ouverte.

Source carte : greatwalks.co.nz téléchargeable ici
Ils ont été super sympas d’aller quand même ouvrir la hutte juste pour aller me chercher le plan de la rando. Et qu’au vue du bulletin météo mis à jour, je n’ai pas du tout intérêt à rester sur la région d’Abel Tasman demain, ni après-demain, c’est de la pluie en abondance qui doit tomber. Grâce à ces infos, je prends le temps d’enregistrer seulement une seule nuitée (au lieu de trois comme je le prévoyais lorsque j’ai préparé mon circuit) et donne l’enveloppe au ranger, et je mets mon reçu sur mon tableau de bord dans le camping-car.
C’est sous un drizzle tenace (crachin en anglais) et quelques showers (averses) que je vais effectuer une partie de la Abel Tasman Coast Track, l’une des 9 Great Walks de Nouvelle-Zélande.
Il est 10h00, c’est parti pour une boucle Totaranui – Separation Point avec au retour un raccourci via Headlands Track afin d’emprunter le gué qui est accessible uniquement à marée basse.
Impossible de passer le gué à cette heure-ci.
Je prends alors le tracé « High Tide » de l’Abel Tasman Coast Track au départ de la Hutte du DOC.
Ce sentier me mènera à Anapai Bay puis Anatakapau Bay et enfin Separation Point.
Au retour, je prendrai un raccourci pour rejoindre Mutton Cove puis continuer sur le sentier classique et en fin de parcours Headlands Track afin d’emprunter le gué qui est accessible uniquement à marée basse.
Le sentier entre Totaranui et Anapai Bay est très facile, on voit que le DOC veut que tout le monde puisse y accéder. Je croise même des Kiwis qui y marchent pieds nus !!!
Après 45 minutes de marche, j’arrive à Anapai Bay,
une magnifique plage de sable jaune orangé.
Au bout de la plage, j’ai l’impression qu’un rocher s’anime au bord de l’eau …
On dirait un Maori regardant l’horizon les pieds dans l’eau !
Ensuite, passage par des sous-bois me protégeant du gros crachin qui tombe sans discontinuer.
Fougères et oiseaux foisonnent sur le sentier : Fantails, Pukekos, Wekas et même des California Quails !
Le California Quail est une très belle variété de caille avec une petite houppette noire sur la tête.
Rapide passage sur une toute petite crique
Et l’on s’élève ensuite à nouveau sur les hauteurs dans des sous-bois.
Passage d’un pont en bois avec pour compagnon le chant d’un Tui dans les parages.
Depuis les hauteurs, la vue sur Anatakapau bay, Mutton Cove et Separation Point est Awesome !
On a l’impression qu’on est tout près, mais non, il faut encore marcher quelques centaines de mètres dans une forêt.
Puis une bonne descente bien glissante.
Lorsque j’arrive sur Anatakapau Bay, personne sur la plage, je suis seule au monde.
En remontant cette longue et magnifique plage,
je découvre une balançoire sous un immense et majestueux arbre qui doit être multi-centenaire.
Juste derrière se trouve l’emplacement « Mutton Cove Campsite » où les campeurs faisant la totalité du Great Walk peuvent planter la tente avec un coin barbecue.
Pour tout dire, j’ai l’impression d’être sur l’Ile de Robinson Crusoé tant c’est idyllique ! Sous le soleil çà doit être complètement dingue.
Mutton Cove se trouve juste derrière cette bay mais comme j’ai tout mon temps pour marcher et que la marée n’est pas encore basse, j’irai en revenant de Separation Point par le raccourci.
Attention, je conseille de plutôt passer la plage de Mutton Cove lorsque la marée est basse ou est en phase descendante car pour rejoindre ensuite Anatakapau Bay (ou Separation Point selon le sens) vous devrez escalader et traverser une crique remplie de gros blocs de rochers et de pierres.
Je poursuis ma rando en remontant sur les hauteurs par le sentier direct menant à Whariwharangi Bay.
Cette partie est beaucoup plus technique avec de nombreuses montées et descentes parfois glissantes dans des sous-bois.
Le sentier est également beaucoup plus sauvage, avec parfois des vues splendides sur des bays en contre-bas.
Quelques centaines de mètres après la bifurcation pour aller à Separation Point, sur notre gauche, on peut entendre les cris des otaries ou des lions de mer qui sont en contrebas de la falaise. Et je devine au loin à l’horizon toute la côte de Farewell Spit qui se trouve à vol d’oiseau à 30 km d’où je me trouve.
Puis un peu plus loin, sur notre droite, un point de vue sur Mutton Cove et Anatakapau Bay. Woooovvvv !
Puis l’on arrive à la fameuse bifurcation indiquant le sentier à suivre au retour pour rejoindre Mutton Cove par la plage.
Je continue mon chemin vers Separation point qui n’est plus très loin.
Le vent se lève et je m’extasie devant les falaises abruptes.
Separation Point est enfin en vue en contre-bas.
J’aurai mis 2h30 depuis Totaranui (la moyenne étant de 3 heures pour le DOC).
Attention, si vous descendez, la pente est très raide et rugueuse.
La vue d’en haut me suffit amplement.
C’est époustouflant, balayée par un petit vent, la côte est vraiment belle, l’eau est bleue (à défaut de pouvoir dire turquoise par manque de soleil)
Au retour, je prends le raccourci qui me permet de rattraper Mutton Cove.
C’est un magnifique sentier côtier très court.
Et on tombe rapidement sur Mutton Cove.Un belle plage jonchée de bois mort.
La mer commence à amorcer sa phase marée basse, au bon moment pour passer la fameuse crique de rochers.
Pour atteindre cette crique il vous faudra d’abord escalader, et pas simple quand il crachotte toujours et que vous êtes à deux doigts de vous retrouver les «quatre fers en l’air » malgré les bonnes chaussures de marche ! Sinon vous devrez rebrousser chemin et reprendre le sentier normal vers Whariwharangi Bay et dans ce sens çà grimpe sec !
Une fois en haut, j’essaye de repérer le triangle orange de l’autre côté mais je ne le vois pas, je ne vois qu’une grosse montagne coiffée d’arbres. Je commence à un petit peu à flipper : « Hein !?! il faut escalader çà !?! ». Je me reprends et décide d’avancer pour aviser ensuite plus loin.
Dans l’autre sens, aucun souci, le triangle orange est bien visible. Je fais attention de ne pas coincer mes chaussures entre deux blocs de pierre et ce n’est qu’une fois de l’autre côté de la crique au pied de cette mini-montagne arborée que j’aperçois enfin le triangle orange complètement caché dans la végétation, et pas du tout à l’endroit où je pensais qu’il y aurait le passage.
Le passage est là !
Maintenant j’attaque le minuscule passage entre la crique et Anatakapau Bay. C’est très très glissant et raide !!!
Et tout de suite derrière je me retrouve à nouveau sur Anatakapau Bay en descendant sur les fesses.
Comme si le crachin ne suffisait pas, une belle averse commence à tomber.
Je profite de ce moment pour prendre mon déjeuner à l’abri sous mon arbre majestueux.
J’observe des oystercatchers à bec orange (une espèce d’huîtrier) cherchant leur nourriture au bord de l’eau.
13h30, l’averse se calme et redonne la place à ce maudit crachin. Je reprends le chemin du retour afin d’être à l’heure à Totaranui pour le passage du gué.
Passage à nouveau par Anapai Bay. La roche dressée, solitaire, regarde toujours vers la mer mais les pieds à sec cette fois.
Puis j’attaque à la bifurcation Headlands Track afin de pouvoir rejoindre le fameux passage qui ne peut se faire qu’à marée basse.
Et bien il faut avoir de bonnes jambes ! C’est un sentier très glissant, assez pentu. Il faut constamment regarder par terre car parfois des racines sont cachées sous un monticule de feuilles mouillées et il est facile de se prendre les pieds dans le tapis.
Des lichens poussent ici et là.
C’est dans une atmosphère presque fantasmagorique que je termine (enfin presque !) cette belle journée.
Depuis ce sentier, superbe vue sur la plage de Totaranui.
Il est 15 heures et j’arrive au gué.
La mer s’est pratiquement complètement retirée de cette anse.
C’est absolument incroyable toute cette étendue de sable jaune orangée, on dirait de l’ocre. Il reste encore un grand filet d’eau qui coule rapidement, comme aspiré.
Si bien que pour rejoindre la plage de Totaranui, je suis quand même obligée de finir la rando pieds nus !
L’eau est très froide, je ne vous le cache pas, mais alors quel pied !
C’est un pur bonheur de finir une très belle rando de cette façon.
Je termine ma marche en remontant la plage de Totaranui où des jeunes jouent au Beach Volley.
5h18 de marche pour 18,3 kilomètres.
Même sous un drizzle tenace, çà vaut vraiment le coup de faire cette boucle !!
Je suis bien contente d’avoir un camping-car avec douche intégrée ! Sur le campground du DOC, il y a bien des douches à disposition mais elles ne sont pas chauffées. J’ai juste à attendre une dizaine de minutes que le chauffe-eau du camping-car fasse son boulot et hop une bonne douche bien chaude.
Je termine la journée en écrivant ce récit, bien vannée, mais super contente de ma journée.
Diaporama
A suivre : Totaranui- Nelson – Havelock
Merci pour ce partage, qui inspirera peut-être notre découverte de l’Abel Tasman Park, vous confirmez l’envie de parcourir sentiers et plages, et donnez des commentaires précieux. belle route à vous !
Merci ! Abel Tasman Park et ses plages … bien que j’ai eu de la pluie, bruine lors de ma venue, j’ai adoré 🙂
Sympa, cette description de randonnee dans l’Abel Tasman. Je suis tombee dessus en planifiant mes vacances « d’ete » en decembre prochain (j’habite Wellington). Je voulais decider si j’allais camper a Mutton Cove ou a Whariwharangi, avant de rejoindre Wainui Inlet de l’autre cote des montagnes. Merci d’avoir partage votre aventure!
Merci Bénédicte 😉